Les procédés : méthodes et moyens.
A la vigne : intensifier la vie du sol, la vie de la plante et leurs échanges.
Les composts, tisanes et décoctions.
Les autres préparations biodynamiques sont destinées à améliorer l’action du compost. Elles sont élaborées à partir d’achillée millefeuille, de camomille, d’ortie, d’écorce de chêne, de pissenlit et de valériane officinale. Chaque compost a subi des fermentations qui le transforme en un humus aux qualités particulières, enrichis en divers éléments (calcaire, phosphore, etc.). Ainsi, la préparation à base d’achillée millefeuille sert de régulateur vis-à-vis du potassium ; elle aide aussi la plante à capter des substances rares mais nécessaires comme l’or, le plomb ou l’arsenic. La préparation à base de camomille sert de régulateur vis-à-vis du potassium et du calcium. La préparation à base d’ortie entraîne un meilleur métabolisme du fer et de l’azote dans le compost et dans le sol. La préparation à base d’écorce de chêne sert à apporter du calcium vivant et à maîtriser les processus végétatifs trop exubérants ; elle sert également de régulateur vis-à-vis des maladies de la vigne. La préparation à base de fleur de pissenlit sert à dynamiser le processus de la silice et à réguler l’action de la potasse. Enfin, la préparation à base de valériane officinale aide le sol et la plante à réguler l’action du phosphore.
Dernière catégorie d’apports biodynamiques : les préparations à pulvériser en tisane ou en décoction. Les maladies cryptogamiques de la vigne sont traitées, non plus avec du cuivre, mais par des pulvérisations à base d’ortie, d’achillée, de camomille ou de prêle (en raison de sa richesse en silice).
Ces préparations (tisanes et décoctions) servent à l’ensemencement des composts, afin de transmettre les qualités propres à chacune des sept planètes du système solaire — de permettre à l’influence planétaire de jouer son rôle, sur le système foliaire, la floraison, la fructification, etc. (Au sujet de ces influences, voir ci-après.)
Effets constatés : les sols, la plante, le raisin.
- Les résultats : les opposants à la biodynamie, dubitatifs voire moqueurs vis-à-vis de son aspect soi-disant ésotérique ou occultiste, affirment qu’aucune étude comparative n’a permis de constater que la biodynamie donnait de meilleurs résultats que la culture biologique. Y a-t-il une différence mesurable et vérifiable entre la culture biologique et la culture biodynamique, ou est-on encore dépourvu d’études qui permettent de confirmer les résultats constatés empiriquement ? A la dégustation, constate-t-on des différences entre les vins bios et les vins biodynamiques ? La supériorité (gustative, organoleptique) des vins bios sur les vins conventionnels fait quasiment l’unanimité, mais peut-on parler de supériorité des vins biodynamiques sur les vins bios ?
Jean-Marc Dournel (Domaine des Costes, Pécharmant) utilise des préparats depuis 3 ans et tient compte du calendrier lunaire depuis 5 ans. Un jour, il a fait un test qui l’a convaincu de l’efficacité de la biodynamie, et l’a incité à s’y convertir : « J’avais fait un préparat à base de fumier que j’ai dynamisé et que j’ai appliqué sur une vigne très fatiguée, qui végétait depuis 7 ou 8 ans : ça l’a relancée, alors que rien n’avait marché jusque là ».
« Les préparats, on est sûr que ça marche, que ç’a de l’effet », déclare Jean-Claude Rateau (Domaine Rateau, Beaune, en biodynamie depuis 30 ans), même si « on ne peut pas le quantifier ». Le résultat est néanmoins tangible : « la vigne change de physionomie », poursuit Jean-Claude Rateau. « Ce que j’ai constaté au début, c’est que la moitié des maladies disparaissaient toutes seules, en particulier les maladies du bois, et ça s’est confirmé sur le long terme. La plante vit sa vie, et elle se bat. » Il se remémore « un exemple probant » : « On a eu un gros gel pendant l’hiver 1984-85, se rappelle-t-il. On était descendu à - 20 °C. Il y a eu beaucoup de mortalité parmi les ceps. J’avais deux parcelles qui sont reparties au printemps sans difficulté, sans avoir subi aucune mortalité. La charge minérale était plus importante et le bois a tenu, tandis que les ceps des voisins, trop chargés en azote et en potassium, ont subi jusqu’à 90 % de mortalité dans les endroits les plus abîmés. » De façon générale, ajoute-t-il, « plus la sève contient de minéraux, plus le point de congélation est bas ».
De son côté, David Rossignol constate : « les vignes ont pas mal évoluées. Après 2, 3 ans, on a des vignes beaucoup plus saines et sereines. Au niveau parasitaire, qualité de la photosynthèse, qualité du fruit… La vigne se régule elle-même, en fait. La photosynthèse est super performante, c’est hyper satisfaisant. » Bernard Duseigneur (Domaine Duseigneur, Lirac) rapporte : « On a constaté des changements spectaculaires dans les vignes et la qualité des raisins, en très peu de temps. On a été surpris de la rapidité avec laquelle ça s’est passé. » Pour l’Alsacien Jean-Pierre Frick (Domaine Pierre Frick, en bio depuis 1970 et en biodynamie depuis 1981), « l’objectif, c’est que la vigne soit d’une vigueur régulée, et qu’elle soit moins sensible aux maladies. Autour de nous, il y a des vignes beaucoup plus vigoureuses, mais qui sont sensibles aux maladies cryptogamiques et qui ont des rendements plus élevés. Si c’est pour faire des vendanges en vert… » Dans la vallée du Rhône, Jean Delobre (Ferme des Sept Lunes, Saint-Joseph) constate que « les vignes ont connu des baisses de rendement. Elles sont moins vigoureuses et plus résistantes ». Dans le Bordelais, Jean-Christophe Estève (négociant, dégustateur, auteur d’un Guide des vins bio aux éditions du Rouergue) a pu remarquer : « Pontet-Canet [cinquième grand cru classé de Pauillac] est en biodynamie depuis trois ans. Aujourd’hui, dans ses vignes, on voit réapparaître des insectes, des abeilles, des oiseaux — bien que son vignoble soit entouré de cultures conventionnelles. » |