Enracinement, photosynthèse, résistance.
« On a une certitude, poursuit Jean-Claude Rateau, quant à l’efficacité de la biodynamie : par rapport à des cultures bios, dans les couches profondes du sol, on a une vie microbienne plus intense et un enracinement plus profond. » Chez lui, « on a eu 30 % de racines en plus ».Claude et Lydia Bourguignon (du Laboratoire d’Analyse Microbiologique des Sols, en Côte-d’Or) ont effectué plus de six mille analyses de sol dans les vignobles du monde entier. « On en a vu, des racines… » Premier constat, édifiant — et méconnu : « Avant les pesticides, au début du XXe siècle, la valeur moyenne de l’enracinement du vignoble mondial était de 3,50 m. Aujourd’hui, elle est de 50 cm. » Et de lâcher, de façon mi-ironique, mi-désabusée : « Après, il y en a qui viennent vous parler de vins de terroir… » Or, sur les domaines en biodynamie où ils interviennent, Claude et Lydia Bourguignon observent « une meilleure descente racinaire ». Sur des essais comparatifs (chez Anne-Claude Leflaive, par exemple) entre deux parcelles, l’une en bio, l’autre en biodynamie, c’est sur la deuxième que l’on a relevé « le plus d’activité biologique en profondeur — en surface, c’est équivalent — et le meilleur développement racinaire ». Anne-Claude Leflaive (Puligny-Montrachet) a pu également constater un enracinement plus profond de ses vignes. D’après Éric Saurel (Domaine Montirius, Vacqueyras), « les racines sont plus allongées, plus denses, mieux réparties ». Selon Christophe Beau (Domaine Beau-Thorey, Coteaux-du-Languedoc), la biodynamie (en l’occurrence, la bouse de corne) permet de développer l’arborescence des racines, qui se multiplient « en d’infinis radicules où l’interface entre le végétal et le sol est multipliée ; interface peuplée d’une microfaune diversifiée qui gère cette transition entre monde animal et monde végétal ».
L’effet sur le raisin semble logique : meilleures maturités, meilleurs taux d’acidité, meilleur état sanitaire. Chez Jean-Claude Rateau, les raisins sont « bien mieux au niveau sanitaire et en maturité ». « On a des niveaux de maturité phénolique d’un haut niveau et de manière régulière, de belles maturités physiologiques, des raisins plus aboutis », constate David Rossignol. De plus, « on a des niveaux d’acidité, des beaux pH qu’on n’avait plus depuis quelques temps ».
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